lundi 1 février 2010

Soif insatiable de l'infini, Cindy, Sophie, Karen, Lisa…




Aujourd'hui, sommé par la date de renouveler mon laisser-passer du Centre Pompidou, et par ailleurs avide de me changer les idées, j'en profitai pour faire un tour dans la collection d'art moderne, qui donne toujours aussi peu de frissons ; quoique moins affligeamment désespérante que celle d'art contemporain, dont on se demande bien avec quel regard furent achetées puis montrées les œuvres, et avec quelles intentions : sadisme ? indifférence totale à l'art contemporain ? vengeances personnelles contre l'art, les œuvres, le public ? ignorance pure et simple, incompétence, migraines ? Le mystère reste entier, le choc toujours terrible, et si l'accrochage contemporain du Musée était un gâteau, la cerise en serait bien sûr la dernière thématique, elles@centrepompidou : artistes femmes dans les collections du musée d'art moderne, qui, outre une démagogie typographique indigne, est élue haut la main problématique la plus con des seize dernières années.

Donc aux dernières nouvelles, à peu près comme chez les hommes, il y a des femmes qui sont d'immenses artistes et sont vouées à l'éternité, comme Cindy Sherman,






qui fait un travail magnifique,





féminin,





universel,





romantique,





féministe,
sexy,
poétique,





intime,





lyrique,





politique,
ouvert,
secret,





suspendu,





qui raconte





en un instant





avec une seule





actrice





des histoire
s





des fragments





dont nous n'aurons





pas la clef ;





si proches,





des histoires





dont pourtant





le début





et la fin





ne feront toujours,





comme dans la vie même,





que nous échapper.













Toutes photos noir & blanc : Sans titres, de la série Untitled Film stills, 1977 - 1980
Puis Sans titre, de la série
Clowns, 2003 - 2004
Puis Sans titre, de la série
Broken Dolls, 1999
Ci-dessous, Sans titre, de la série
Rear Screen Projections, 1980






Il existe aussi des peintres, qui sont en train de faire la peinture d'aujourd'hui et que le Centre Pompidou, si l'on excepte une furtive présence lors de l'exposition Cher Peintre… en 2002, est probablement le seul musée prétendument d'envergure internationale à ignorer, pour l'heure, avec autant d'aplomb : il faut cependant recontextualiser ce manque, en rappelant que le jour où la France s'apercevra de la peinture, Jésus reviendra sûrement marcher sur l'eau.
Donc en effet, quoiqu'on n'en voie pas trace dans cette collection féminine, parmi les peintres de ce début de XXIe siècle il y a des femmes, et pour le coup, plutôt que deux fois qu'une.

(Ceci posé puisque c'est vrai,
redisons-le clairement une fois : il y a de vraies artistes qui sont des femmes, de vrais artistes qui sont des hommes, et, des deux sexes, des légions d'artistes regardables et des hordes d'insignifiant(e)s. Croire faire honneur aux femmes ou œuvrer pour le progrès de l'égalité, en regroupant 250 artistes sur le critère de leur double chromosome X, est politiquement stupide et humainement indéfendable : c'est maintenir la séparation qu'on prétend réparer, c'est mettre les filles à gauche et les garçons à droite (ou l'inverse), et c'est faire une injure bas de gamme aux artistes qui présentent un intérêt autre que leur féminitude ; quant à l'épreuve, pour nous, qui consiste à devoir supporter dans la même journée Nikki de Saint-Phalle et Annette Messager, aucune cause ne justifie ça.)



Marlene Dumas, Over Lyken Lopen, 1993
Huile sur toile, 90 x 70 cm



Notons enfin, puisque c'est l'origine de cet article qui en définitive s'étend pour l'essentiel dans ce qui prétendait premièrement n'en être que la parenthèse - une image de la vie même, encore ? Dieu mais tout ce que nous voyons, ne seront-ce jamais que des images de la vie même, et ne sera-t-on jamais tranquille ? -, que le titre en est emprunté à une étonnante toile de Judit Reigl, peinte en 1950 et qu'on croise au détour d'un mur de cet assez déprimant 5e étage du musée :


Judith Reigl, Ils ont soif insatiable de l'infini, 1950
Huile sur toile, 109 x 97 cm




Bien, alors sinon, concernant ces peintres qui, quoique femmes, n'en sont pas moins brillamment absentes de la collection d'art contemporain, Sophie contours mouillés savamment floutés Von Hellermann, jeune et talentueuse mais qui cède parfois au chant des sirènes de la facilité parce qu'on lui demande 300 toiles quand 40 seraient déjà bien, s'essouffle parfois mais ne manque pas de charme, entre romantisme narratif hype et narration romantique in, le tout saupoudré d'un agréable je m'en foutisme qui n'a de comptes à rendre à personne, sauf peut-être à la couleur :



When he came
…, 2001
Acrylique sur toile, 180 x 260 cm





Goddess in the doorway (Creativity), 2005





Wild horses, 2007
Acrylique sur toile, 200 x 300 cm






April fool, 2006
Acrylique sur toile





Deco Morons (Bedford Place), 2002
Acrylique sur toile, 266 x 395 cm





Nightmare in Dover, 2001
Acrylique sur toile, 183 x 245 cm





Karen
on l'aime mais quand même des fois elle peint avec ses pieds Kilimnik, nous réjouit de chevaux et de princesses et de portraits de posters, et les installations de ses débuts ont marqué les esprits :



Marie Antoinette out for a walk at her Petit Ermitage, France, 1750, 2005
Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 51 x 41 cm






The cloven hoof in the woods
, 2006

Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 30, 5 x 23 cm





Tabitha II,
1998
Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 51 x 41 cm





The ocelot lost in Hawaii
, 2005 - 2008

Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 61 x 76 cm






Prince Desiré on a Break from Sleeping Beauty Out at Petrossian’s for Dinner
, 1998
Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 45,7 x 35,6 cm





Prince Charming, 1998
Couleurs huiles solubles à l'eau sur toile, 51 x 61 cm





Vue d'installation, Institute of Contemporary Art, Philadelphie, 2007






Il semble superflu de s'attarder, autrement qu'en la citant par obligation statistique, sur Elizabeth grandes facilités mais sujets aussi inintéressants que possible Peyton, entre glamour hype, hype glamour, glamour in et qu'est-ce que Sofia Coppola a mangé hier matin parce qu'elle était si triste que Paul ne l'ait rappelée que deux jours après : les questions que vous ne vous posiez pas, les questions que vous ne vous poserez plus ; même si, nous aussi, nous aimons Jarvis Cocker :



Jarvis, 1996
Huile sur panneau, 28 x 35,5 cm





Piotr, 1996
Huile sur MDF, 21 x 15 cm






September (Ben), 2001
Huile sur panneau, 31 x 23 cm





Reconnaissons à Dana Être une star sans faire du mauvais travail Schutz le mérite d'exister :



Death comes to all
, 2003
Huile sur toile, 305 x 198 cm





Face eater, 2004
Huile sur toile, 46 x 58 cm





Reformers
, 2004
Huile sur toile, 190,5 x 231 cm





Guitar girl, 2009
Huile, acrylique et velours noir sur toile, 153 x 122,6 cm





Typer, 2009
Huile et acrylique sur toile, 81,3 x 77,5 cm




Enfin peut-être, au chapitre des décisions subjectives, pourrait-on terminer maintenant ce tour d'horizon par Lisa fantastic Yuskavage, aussi érotique qu'étrange et qui n'a aucun complexe, ce qui est toujours une bonne chose, à se tenir sur le point de rencontre entre high et low culture pour produire, sur la base de styles représentatifs qui semblent d'abord renvoyer uniquement au fantastic art et à des érotismes stéréotypés issus de l'illustration américaine, ce qui ne serait aucunement un mal cependant, une peinture absolument remarquable, échappée de ses sources, où narration et apparition, ou pour le dire autrement, histoire racontée et forme racontante, le conte et l'image, la pensée et la matière, se donnent indissociablement, sont une même chose, une même présence, cet objet unique et uni qui lorsqu'il parvient à être cela n'a peut-être pas d'autre nom, et c'est ce début rare où tout peut commencer, qu'une peinture.




Changing
, 2005
Huile sur toile, 195 x 173 cm






Teresa and Lauren
, 2008
Huile sur toile, 65 x 61 cm






Kingdom, 2005
Huile sur toile, 147 x 117 cm






Brood
, 2005-2006
Huile sur toile, 195 x 175 cm






Imprint, 2006
Huile sur toile, 122 x 81 cm





Smiley, 1999
Huile sur toile, 86 x 76 cm






The smoker, 2008
Huile sur toile, 152 x 107 cm






Big Little Laura, 1998
Huile sur toile, 193 x 244 cm






Faucet, 1995
Huile sur toile, 183 x 152 cm






Big Blonde Squatting, 1994
Huile sur toile, 183 x 183 cm






Reclining Nude, 2009
Huile sur toile, 183 x 129,5 cm






PieFace, 2008
Huile sur toile, 122 x 102 cm






Day, 1994
Huile sur toile, 195 x 157 cm






Tourists, 2008
Huile sur toile, 77 x 58 cm






Balls, 2004
Huile sur toile, 153 x 97 cm






Ficus, 2008
Huile sur toile, 25,4 x 17,8 cm






Northview, 1996
Huile sur toile, 178 x 137 cm





Cliff, 2007
Huile sur toile, 195 x 157 cm






Wee Motherfucker, 1996
Huile sur toile, 25 x 20 cm






Biting the red thing, 2004-2005
Huile sur toile, 165 x 190 cm






Dutch girl, 2006
Huile sur toile, 63 x 91 cm







Pied, 2008
Huile sur toile, 30 x 23 cm






Sarah I, 2006
Huile sur toile, 25 x 20 cm






Travellers, 2008
Huile sur toile, 195 x 157 cm






Drag
, 2007
Huile sur toile, 30 x 23 cm